Julie Béna, Richelieux dorées à pompon,
chaussure de Rose Pan. Acte 1
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Lors de la session 1, l'artiste Julie Béna a évoqué le personnage de Rose Pantoponne, qu'elle a créé dans le cadre d'un projet en cours de réalisation intitulé Have you seen Pantopon Rose?
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Extrait du projet :
Have you seen Pantopon Rose ? s’appuie sur le théâtre, l’antiquité, la mythologie, l’écriture, la vie nocturne, la musique électronique ... Rose se définit par rapport à son lieu d’existence et aux gens qui l’entourent. L’histoire de Have you seen Pantopon Rose ? est composée d’objets, de textes, de gestes, de musiques. Nous allons suivre deux entités : Rose Pantoponne et le Choeur, pendant 3 actes. Le Choeur prend sa source dans le théâtre antique grec. La parole principale, explicative, celle qui donne le la, c’est le Choeur qui s’en charge. Les gestes, les manipulations, les cocktails, la danse c’est le personnage quasi muet (sauf quand elle chante) de Rose Pantoponne. Le tout est mis en scène. Rose Pantoponne est un personnage qui n’apparaît qu’une fois, dans un des derniers chapitres du Festin Nu de William Burroughs, dans l’interrogation d’un vieux camé « Z’avez pas vu Rose Pantoponne ?». Le projet de Rose se construit donc autour de cette recherche
Qui est Rose ?
Un oiseau de Moscou débarqué aux States ?
Une lolo pigalle durassienne ?
Une cariatide animée ?
Rose s’écrit d’une manière particulière…
Elle a besoin de sortir, de se penser et de s’établir pour un temps, ailleurs, afin de se nourrir et de se composer. Rose s’écrit essentiellement dans un environnement qui lui est d’abord étranger (mais dont elle rêve peut-être depuis longtemps). Le regard se pose toujours différemment sur un lieu inconnu. La volonté est de faire exister Rose dans un temps onirique, où les gestes définissent l’être, où le lieu est à l’origine du texte. Rose a besoin de temps pour se développer. Rose n’est pas un ‘one shot’, c’est une bien longue histoire.
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Si le personnage de Rose Pantoponne interpelle, c'est par son identité fluide et changeante qui ne peut se définir qu'au fur et à mesure de ses voyages et de ses rencontres. D'autre part elle ne parle pas : elle chante, manipule des objets et maîtrise la temporalité. C'est un choeur, formé selon les rencontres, qui prend la parole et raconte Rose. Echappant à sa propre définition (alors qu'elle est le centre même du projet), Rose incarne cette idée qu'il n'y pas d'obligation à définir ce que nous sommes. Car si en théorie il semble évident que l'être est une forme plurielle qui se comprend de multiples manières, en pratique notre identité est en permanence astreinte à partir de faits et de catégorisations fixes. Les groupes de conscience féministes des années 1970 se constituaient dans l'idée de défaire ces catégorisations semaine après semaine, en laissant le temps à la conscience d'éclore. L'écriture de soi se fait petit à petit, car il est complexe et long de se saisir en dehors de ce qui est attendu de nous. Comme nous, Rose est plus une présence qu'une affirmation, elle ne parle pas (comme nous ne nous racontons pas au quotidien), elle existe c'est tout. Par cette temporalisation dans l'instant de Rose, Julie Béna redéfinit la notion de personnage, l'affranchissant de toute caractéristique extensive et essentielle. Elle échappe à une certaine déformation propre à différentes formes de narration (théâtre, littérature, cinéma) qui parfois veulent "camper" un personnage, le révéler en peu de traits signifiants. Rose est libre, tout reste encore à inventer.
Julie Béna, Rose Pantoponne, le Talk show, Acte 1
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Julie Béna, Rose Pantoponne, le Talk show, Acte 1 |
Julie Béna, Rose Pantoponne, le Talk show, Acte 1 |
Julie Béna, Here is the conservatory, collage numérique 2012
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Julie Béna, La corbeille, pour Rose Pantoponne
collage numérique, 2012
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