SYNOPSIS
A la fin de son livre Ce sexe qui n’en est pas un (1976), Luce Irigaray s’adresse à une femme
et imagine ce que leur histoire pourrait être en dehors d’un modèle sociétal conçu par et pour des hommes. Elle fait alors ce constat : « Si nous continuons à nous parler le même langage, nous allons reproduire la même histoire ». Pour Luce Irigaray, la libération des femmes ne se limite pas à se défaire de rôles ou d’identités imposés, elle passe par la reconquête ou l’invention d’un langage qui leur est propre et leur permettra d’écrire et de vivre des histoires nouvelles. Pour se faire, il s’agit de faire table rase et, à l’écart, reconstruire ce qui a été confisqué.
Afin de s’extraire de logiques empêchant l’expression de leurs singularités, de nombreuses militantes au début des années 1970, ont créé des groupes non mixtes voués à l'élaboration d'une conscience propre. Les oppressions se diversifiant, ces groupes « séparatistes » qui se pensaient à l’écart d’un discours dominant se sont complexifiés : féminisme noir, lesbiennes radicales, lesbiennes of color issues du colonialisme, de l’esclavage et de l’immigration, etc. De nos jours, la pensée queer dépassant l’opposition femmes / hommes, on pourrait penser d’autres zones transversales de coalition comme « fems » et « folles », « bears » et « butchs ». Comment faire cependant pour ne pas répéter les mêmes erreurs et, en s’excluant d’une dynamique désignée comme inadéquate, ne pas exclure en retour ? De même, puisqu’il s’agissait de s’éloigner d’identités astreignantes, comment ne pas contraindre à nouveau selon d’autres cadres, et figer des essences là où l’on attendait une ouverture des possibles ?
Aujourd’hui de nombreux collectifs d’artistes (l’association YES!), centres d’art (FAG - Feminist Art Gallery, Centre A, le CAC Brétigny), revues (Pétunia, George) ou autres projets (react feminism), créent des espaces de pensée et d’action qui, à l’écart, tissent de nouvelles histoires. A travers d’autres modalités de rencontre et d’expression, ils poursuivent des questionnements et des combats féministes qui se veulent non excluants. Comment rendre ces interrogations accessibles et faire que nous nous sentions tous concernés ? D’autre part, les outils du féminisme peuvent-ils être utilisés pour confronter le champ de l’art contemporain à ses propres logiques de sélection et de mise à l’écart ?
APPEL À PARTICIPATION
Dans l’esprit de rencontres collectives telles que pensées par Lois Weaver (The Long Table) et Malin Arnell (The oncoming corner), nous vous invitons à participer à une soirée collaborative chez Treize à l’automne 2013 afin d’approfondir les questionnements posés dans le synopsis ci-dessus. Dans une atmosphère conviviale, nous souhaitons expérimenter des modalités de partage des expériences et des savoirs qui pourraient défaire les rapports de pouvoir inhérents à tout groupe constitué.
Chacun est invité à apporter un élément élaboré en amont, au plus près de ses compétences propres. Texte, anecdote, performance, vidéo, objet, etc. seront offert à la discussion selon un régime de passation de parole et une mise en espace également pensés par les contributeurs eux-mêmes. L’écoute, le commentaire ou l’intervention sont libres de choix, la prise de parole étant dans la mesure du possible spontanée : dans cet esprit, chacun peut négocier soi-même ses modalités de participation.
Dans l’optique d’interroger les paramètres mêmes de nos interventions, les logiques de retranchement qui auront présidé à notre rassemblement en tant que groupe pourront également être questionnées. Comment l’espace dans lequel nous nous trouvons pourrait être rendu plus inclusif ? Quels sont les points de tension qui font de chez Treize un espace isolé lors de cette soirée mais également de façon plus large, en tant qu’espace artistique ?
Une limite de 10 à 15 participants est envisagée pour chaque session. Elles auront lieu les vendredis 1er novembre, 6 décembre 2013, 3 janvier, et 7 février 2014 à 19h30 chez Treize. Les personnes qui désirent y contribuer sont invitées à contacter les organisatrices pour initier un échange sur les modalités de leur participation. Ceux qui le souhaitent pourront apporter quelque chose à manger.
Contact : tell_a.story@yahoo.com
Le Commissariat est une structure de production d’expositions d’art contemporain fondée en 2006. Elle est à l’initiative d’une cinquantaine d’expositions et d’événements en France et à l’étranger. Elle présente les travaux d’artistes émergents et confirmés et collabore régulièrement avec des commissaires invités. Le Commissariat bénéficie du soutien de la DRAC Île-de-France, du Conseil Régional Île-de-France. Like an umbrella in Paris, Treize is a space that shelters le Commissariat, red shoes, ali_fib gigs and Gallien Déjean. Treize reçoit le soutien de la Mairie de Paris, de la Mairie du 11ème arrondissement et de Grrr. - Adresse : 24 rue Moret, 75011 Paris.
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