Bianca Bondi, la rue Moret

















Participant à la session 2, l'artiste Bianca Bondi a souhaité répondre au projet en intégrant à sa recherche le quartier situé autour de Treize. A partir de discussions avec des habitants de la rue Moret, Bianca a constitué une soupe composée de pâtes en forme de lettres qui a été mangée pendant la soirée. Ces lettres composaient des mots que les habitants ont donné à Bianca en réponse à leur échange.

Après avoir évoqué le projet et les raisons pour lesquelles elle avait décidé d'y répondre en s'engageant vers le quartier, les habitants lui donnait un mot négatif qui faisait écho à leur vie. Solitude, grosse, vide, facture… les mots choisis par les habitants expriment une part négative de leur rapport au monde, une identité qu'on leur astreint sans qu'ils puissent en sortir. Donner un mot qui nous ressemble, c'est donner une part de nous-même. Abruptes, sans détours, ils condensent tout un monde en quelques syllabes. 

Sculpté en forme de pâtes, ces mots ont été mélangés à divers ingrédients composant une soupe à la tomate dont la recette provient de son pays d'origine, l'Afrique du Sud. Comme chacun des mots symbolise une personne, Bianca a poursuivi ce jeu de signes en recherchant la signification des ingrédients. Ainsi on voit  par exemple dans la recette que l'huile d'olive est "un rituel de purification souvent utilisé pour aider à la bénédiction et l'onction". 

Dans l'ouvrage Manger le livre : rites alimentaires et fonction paternelle (1984), le psychanalyste Gerard Haddad montre que "l'acte originel qui détermine l'intégration de l'individu dans un groupe est un acte de dévoration très particulier puisqu'il s'agit de manger des mots organisés en Livre". Il fait notamment référence à la culture juive, où chaque aliment que l'on mange lors des rituels revêt une signification précise que nous intégrons par leur consommation.

En mangeant la soupe de Bianca Bondi, des questions ont émergé sur le choix des mots par les habitants. Ainsi des discussions sont nées et nous avons rencontré des individualités, et non plus seulement des sujets lointains rattachés à une géographie et un contexte social. En dissolvant ces mots, nous les avons intégrés à nous-même, et au groupe éphémère de la session 2. Chacun d'eux, même anonyme, était présent le temps de cette soirée. 







 

Camila Farina, écouter-répéter
























L'artiste Camila Farina a fait une proposition qui se construit sur l'ensemble du projet "Si nous continuons à nous parler le même langage, nous allons reproduire la même histoire". A partir des enregistrements audio et des informations mises en ligne sur le blog, Camila produit pour chaque session deux travaux imprimés sur papier, un texte et une composition d'images qui fonctionnent en regard l'un à l'autre. Pour Camila il ne s'agit pas de rendre compte de l'ensemble des conversations de manière objective, mais plutôt de saisir une atmosphère et capter des instants qui lui font écho. 

Lors de la session 2, Camila a présenté son travail sur la session 1 : imprimé sur un papier utilisé par les architectes qui se déplie sur une surface totale de 841 x 1189 mm (format AO) ; deux posters forment une cartographie indicielle, pleine de silences et signes. La partie textuelle est un document poétique, glanant ça et là des fragments de discussions tout en composant une trame narrative qui n'a pas une fonction de synthèse mais plutôt d'ouverture et d'appel à la réflexion. Le second poster est composé par quatre éléments qui flottent sur le blanc du papier. Ce sont des images en noir et blanc qu'elle a découpées, assemblées, prolongées, séparées, puis mises à différentes échelles. On y découvre une minuscule pin-up, trois figures sur une carte de la Grèce antique réunies dans un même corps dessiné à la plume, et le buste d'un personnage dont le visage est découpé puis reposé à un autre endroit du papier. 

Agissant par fragmentation et prolongement, ces compositions révèlent un espace d'absence, de quête et de questionnement où se nouent les interrogations des participants avec celles de Camila. Avec Ecouter-Répéter, l'artiste imagine un espace visuel et textuel qui met en présence un flux de discussions sans le figer ni l'essouffler ; mais en le posant tel qu'il était, dans le domaine du doute, du partage et de l'imagination. 

Les travaux des session 2, 3 et 4 seront aussi visibles sur le blog. 









Photographies : Mathilde Veyrunes

Sergio Verastegui, des anges et autres exterminateurs














Sergio Verastegui, "des anges et autres exterminateurs", 2013.
Deux photographies encadrées et une dés-installation.
Photographies de l'installation chez Treize lors de la session 2 prises par Mathilde Veyrunes.

Mathilde Veyrunes, Eleanor

Photo : Mathilde Veyrunes
Norman Foster a adapté au cinéma la nouvelle de Sylvia Tate, Man on the run, écrite en 1948. 
C’est la même histoire, seul le titre a changé, faisant d'Eleanor et non plus de Frank le personnage principal en fuite. Woman on the run est un film indépendant réalisé en 1950, tourné à San Francisco. Le scénario s’est vraisemblablement écrit à plusieurs mains au fur et a mesure du tournage, il n’existe pas de manuscrit. Il met en scène le personnage d’Eleanor Johnson, interprété par Ann Sheridan.

Eleanor s’échappe de chez elle et parcourt la ville pour retrouver son mari, Frank Johnson. Il a été témoin d’un meurtre et est recherché par l’inspecteur Ferris ainsi que par Daniel Leggatt qui accompagnent Eleanor dans son investigation, parfois en la suivant, parfois en la devançant. On lui parle de cet homme disparu, Frank, qu’elle a l'impression de ne plus connaître. On la conduit à lui grâce à des indices qui la ramènent à ses propres souvenirs. Elle trouve aussi des portraits d'elle-même : des croquis, des sculptures, qui la poussent a se questionner sur son image. Ferris, Leggat et  Frank sont en train d’écrire Eleanor et de construire son histoire à travers cette enquête.

Qui est-elle ? La ville devient l’objet d’une pérégrination en même temps qu’Eleanor s’en extrait, jusqu’à retrouver Frank sur la plage et  répondre à ses idéaux de vie, ses rêves de liberté. Elle est prête à partir. Pourtant cette “happy end” sonne faux. D’ailleurs il ne semble pas y avoir de fin. Le film est construit de manière à pouvoir être repris : son parcours géographique, son intrigue, sa temporalité forment une boucle sans fin… Dans la dernière image du film (on est alors au parc d’attraction de Playland) une marionnette se rit d’eux, de nous. 

The run est un projet de ré-écriture du film Woman on The Run sur lequel je travaille depuis 2013Eleanor se représentera en même temps que son double contemporain, en traversant San Francisco vers son centre afin de trouver sa place dans la ville. Lors de la session 2, je présentais une reconstitution du costume d’Eleanor Johnson et une photographie de l’inspecteur Ferris, afin de ré-ouvrir l’enquête sur ce personnage et son émancipation.

Mathilde Veyrunes

Accéder à son site internet ici : http://mathildeveyrunes.fr/

Marion Vasseur Raluy & Martha Salimbeni, Le feu n'a pas de forme mais s'attache aux corps qui brûlent






Dessins de Martha Salimbeni pour la couverture du livre

Inspirations pour la conception graphique du livre : les éditions Fleuve Noir et Harlequin

Le feu n'a pas de forme mais s'attache aux corps qui brûlent est un livre conçu dans le cadre du projet, et présenté lors de la session 2 du 6 décembre. Il est écrit par Marion Vasseur Raluy ; la conception graphique et les illustrations ont été réalisés par Martha Salimbeni.


Lorraine Féline, Ketty

Lorraine Féline, Clodette Forever, film en cours de production

Ketty

"Lors de la session 2 de "Si nous continuons à nous parler le même langage, nous allons reproduire la même histoire", j'ai souhaité présenter un extrait de mon prochain film en cours de montage. Son sujet est Ketty Sina, une ancienne 'Clodette' qui a dansé pour Claude François à la fin des années 1970.

Le tournage a débuté il y a un an, en décembre 2012 et s'est achevé au mois de juin 2013.

J'ai rencontré Ketty Sina alors que je travaillais près du restaurant qu'elle tient actuellement dans le 13e arrondissement de Paris. J'ai eu envie de la connaitre, et de découvrir son parcours, sa vie, jusqu'à aujourd'hui.

Pour la soirée, j'ai monté un court extrait vidéo issu d'une interview que j'ai réalisée à son domicile dans le Perche.
Ketty me parle d’elle et de son rapport à la danse : elle est autodidacte. Je la filme en train d’évoquer le Paris des années 1970, le disco, les boîtes de nuit, Claude François. Pour elle, ce fut une expérience grisante : les plateaux d’émissions de télévision, les projecteurs, le maquillage, les petites tenues, faire le show… Elle interprète des icônes noires, Joséphine Baker, Diana Ross et Donna Summer, au Paradis Latin et à l'Alcazar, elle adore se donner en spectacle.

Elle dit à la caméra "Tu sais… l'image qu'on a de moi… C'est mes débuts en tant que danseuse, et le passage Claude François a été le point phare de mon parcours…".
Elle avait 20 ans lorsque Claude François est mort... La même histoire, c'est celle que les autres voient pour nous.
Aujourd'hui, à 55 ans, elle continue la danse. Elle forme des femmes à monter sur scène, à danser sur des chorégraphies de Claude François.

Je ne sais pas encore si des passages de cette interview seront présents dans mon film Clodette Forever.
Après La Sylphide (2011), et Le Ballet Mécanique (2013), je veux dans ce nouveau travail, réaliser un portrait de Ketty afin de poursuivre l'exploration de la danse, de la mise en scène et du spectacle."

Lorraine Féline, 2013

Accéder à son site web ici : http://lorrainefeline.com/

Projection de l'extrait du film de Lorraine Féline, chez Treize, 6 décembre 2013


SESSION 2, vendredi 6 décembre

Photographies de la Session 2 qui s'est déroulée le vendredi 6 décembre chez Treize.

Avec : Bianca Bondi (artiste), Leslie Compan (critique d'art), Aurore le Duc (artiste), Camila Farina (artiste), Lorraine Féline (artiste), Léna Monnier (chargée des collections et de la communication à la Fondation Kadist), Estelle Nabeyrat (critique d'art et commissaire d'exposition), Marion Vasseur Raluy (commissaire d'exposition), Martha Salimbeni (graphiste et illustratrice), Sergio Verastegui (artiste), Mathilde Veyrunes (artiste), ainsi que Mikaela Assolent, Flora Katz et Sébastien Rémy.



Autour de la table, une oeuvre de Mathilde Bario Nuevo. Photo : Mathilde Veyrunes
Photo : Mathilde Veyrunes
Photo : Mathilde Veyrunes


Sergio Verastegui, "des anges et autres exterminateurs", 2013. Deux photographies encadrées et une dés-installation. Photo : Mathilde Veyrunes
Sergio Verastegui


Estelle Nabeyrat propose à chacun de choisir une étiquette sur laquelle un mot est écrit, de porter ce mot sur soi le temps de la rencontre, et d'en discuter à la fin. Inspiré par un projet de l'artiste Einat Amir
Camila Farina parle de son projet de retranscription écrite et dessinée des sessions à partir de leurs enregistrements sonores
Camila Farina devant sa retranscription de la session du 1er novembre
Bianca Bondi a réalisé une soupe à partager qu’elle a intitulé "La Rue Moret"


Lorraine Féline parle du film qu’elle prépare sur Ketty Sina, ancienne Claudette
Projection d’extraits du film que Lorraine Féline prépare sur Ketty Sina, ancienne Claudette

Mathilde Veyrunes, "Eleanor", photographie de Martin Ferris sur le plateau de Woman on the run, vêtements et accessoires du costume reconstitué de Eleanor Johnson, 2013. Photo : Mathilde Veyrunes
Mathilde Veyrunes, "Eleanor", photographie de Martin Ferris sur le plateau de Woman on the run, vêtements et accessoires du costume reconstitué de Eleanor Johnson, 2013. Photo : Mathilde Veyrunes
Mathilde Veyrunes, "Eleanor", photographie de Martin Ferris sur le plateau de Woman on the run, vêtements et accessoires du costume reconstitué de Eleanor Johnson, 2013. Photo : Mathilde Veyrunes
"Le feu n’a pas de forme mais s’attache aux corps qui brûlent", un livre de Marion Vasseur-Raluy et Martha Salimbeni réalisé dans le cadre du projet
Marion Vasseur Raluy et Martha Salimbeni


Lecture à plusieurs d’extraits du livre de Marion Vasseur Raluy et Martha Salimbeni
Léna Monnier parle de Nancy Fraser et Tobias Kaspar
Tobias Kaspar, Hydra Life, 2013
Aurore Leduc. Photo : Mathilde Veyrunes

Aurore Leduc pendant sa performance "Toubab Mangu vous salue bien!", 2013


Estelle Nabeyrat

Etiquettes choisies et portées par les participants dans le cadre de la proposition d’Estelle Nabeyrat