Emilie Jouvet

Emilie Jouvet, Too much pussy, film, 2011











Si le désir pouvait se libérer, il n’aurait rien à voir 
avec le marquage préliminaire par les sexes. 
Le désir est résistance à la norme. 
Monique Wittig, La Pensée straight, « Paradigmes»: 81









"Que deviennent les identités de genre ainsi que les constructions du spectre féminin/masculin une fois sortis du système hétéronormé et hétérosexiste ? Quelles sont leurs revendications, leurs implications ? Que devient le désir ? Qu’est-ce-que cela veut dire, être femme, être homme, être ? A quel moment est-on acteur de son corps ? De son art ? De l’art d’utiliser son corps. Comment l’intime se fait public, comme le privé domine les relations sociales, comment le public influe sur nos genres et nos relations sexuelles ? Ce que l’on assume, ce qu’on est au dedans et en dehors. (...)

"A travers son travail de photographe, vidéo et cinéaste, Emilie Jouvet pose un regard, interroge et met en images le désir. Désir d’artiste de s’approprier le monde, désir de féministe de questionner/destructurer des normes, désir de Fem de déconstruire les codes existants. Désir de réinventer un langage visuel qui permet de rendre compte des identités queer. 

"Emilie Jouvet invente un langage propre pour nous guider vers un monde invisibilisé par la culture dominante, celui des Dykes Riot, Grrrrls, Drags, Kings and Queens, wild Fems et Butch torrides… Identités qu’elle découvre et s’approprie en même temps que le féminisme punk des Riot Grrrrls*, lors d’un voyage aux Etats-Unis à 20 ans et auxquelles elle donne une voix et une place depuis. Le courant queer féministe, parti de la fin des années 80, réfléchit la dissolution des frontières entre les genres, et prône la dénormalisation, la déconstruction et une multitude de corps, sexualités, identités. Ce sont ces multitudes que la photographe explore depuis plus d’une décennie. Elle tisse aussi un lien étroit entre féminisme et pornographie et montre, comme Annie Sprinkle, que le féminisme sex-positif peut-être un moyen d’émancipation par et pour les femmes, en faisant de la représentation du corps, du plaisir et de la sexualité des outils politiques dont les femmes et les minorités peuvent s’emparer." 

Severa Irgacheva, Emilie Jouvet, oct. 2013

* Riot grrrrl : mouvement musical à la croisée du punk rock et d rock alternatif aux idées féministes

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Pour la session 3, Emilie Jouvet a présenté deux films. Le premier, The Apple (2008) est une courte vidéo de 6 minutes présentant l’actrice Wendy Delorme habillée en pin-up qui, dans un décor sucré entouré de pommes et de fleurs, se masturbe avec une pomme puis la mange. Wendy est donc Eve qui sans Adam s’approprie seule le fruit défendu et transgresse la loi. Dans un montage qui combine mouvements rapides et ralentis, avec de courts arrêts sur images, le film The Apple raconte l’empowerment féminin qui passe par le désir, un thème central dans le travail d'Emilie Jouvet. 

La seconde projection était un extrait du film Too Much Pussy (2011). Dans ce long métrage, sept artistes performeuses féministes (Wendy Delorme, Judy Minx, DJ Metzgerei, Mad Kate, Sadie Lune et Madison Young) sont réunies par Emilie Jouvet pour faire une tournée dans toute l’Europe d’un show burlesque et sex-positif. Sans script et ni directive, Emilie Jouvet créé les conditions pour qu’émerge par soi-même, dans l’intimité d’un collectif éphémère, l’histoire de femmes qui vivent pleinement leur vie, leur art et leur sexualité.

Emilie Jouvet, The Apple, vidéo, 2008
Emilie Jouvet, Too much pussy, film, 2011
Emilie Jouvet, Too much pussy, film, 2011
Un livre sur l'ensemble de la production photographique d'Emilie Jouvet paraîtra courant janvier 2014. Trois images en sont extraites. 

Emilie Jouvet, Leaves, Marseille, 2013

Emilie Jouvet, Anneke's Moustache, Paris, 2009
Emilie Jouvet, Etaïn fresh out of the water, Homosexual Summer Conference, 
Marseille, 2007

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